Nos cabanes
 

la préparation de l’armature de la cabane dans les ateliers de la compagnie

7 juin 2022 |

la cabane

Une cabane qui prendra la forme d’une table géante, rectangulaire. Nous avons défini qu’elle devrait s’élever à 2,10m de hauteur et mesurer 4,50m/2,50m.

Elle doit pouvoir se scinder en deux parties afin de s’installer autour du tronc d’un châtaignier, ou pouvoir au contraire être positionner seule au milieu d’un espace dégagé.

Il faut que l’on puisse s’abriter sous la table mais aussi monter sur son plateau. Une chaise sera d’ailleurs positionner près de la table, permettant de grimper plus facilement.

Nous réalisons les armatures de la chaise et de la table en sapin. Elles seront ensuite entièrement recouvertes de châtaignier qui aura grandi et aura été usiné sur le territoire du Périgord-Limousin. Cela donnera lieu à un chantier du 16 au 20 novembre, ouvert aux habitants du Périgord Limousin.

Dins Lou Pelou

12 mai 2022 |

la cabane cabane sonore

    Un après-midi en compagnie d’une vingtaine de résidents de l’Ehpad « Dins Lou Pelou » à Cussac.

Nous arrivons après l’heure de la sieste à l’Ehpad « Dins Lou Pelou ». Une vingtaine de résidents s’installent dans la grande pièce de l’établissement. Je suis accompagné de Stephanie Pouplier qui est la référente du projet pour le Parc Naturel Régional, et de Jean-François Vignaud, qui en sait beaucoup sur la langue et les gens de son pays. Parce qu’en Périgord-Limousin on cultive le parlé occitan, et on me chuchote à l’oreille qu’autour de nous cette après-midi là, nombreux sont celles et ceux qui préféreront évoquer leurs souvenirs et leurs expériences en occitan plutôt qu’en français.

Ma première question est donc : « ça veut dire quoi »Dins Lou Pelou ? « , qui est le nom de cet établissement. On me répond comme si c’était une évidence que cela signifie »dans la bogue de châtaigne". La fameuse !

Lors de cette rencontre, j’en apprends beaucoup sur les cabanes des feuillardiers. Plusieurs résidents avaient un parent qui était lui-même feuillardier. Quelques souvenirs et anecdotes surgissent.

Les feuillardiers travaillaient en hiver les jeunes perches de châtaignier dans les forêts. Ils confectionnaient principalement des cerces qui servaient à la fabrication des tonneaux du Bordelais et du Cognaçais, mais aussi des piquets, des échalas ... Pour travailler à l’abri, ils se construisaient une cabane en forme de tunnel, obturée d’un côté, dont l’armature en treillis était faite en branches de châtaignier. Chaque soir, les copeaux issus du travail réalisé dans la journée, étaient placés sur le toit de la cabane pour assurer la protection de ses occupants.

Une dame se souvient du feu entretenu dans la cabane, qui servait au travail du châtaignier et à faire chauffer le ragoût du midi. Elle se souvient avec sourire de la fumée qui envahissait l’endroit.

On évoque aussi les abris des maquisards, le territoire ayant été un lieu de résistance. Il s’agissait de cabanes creusées dans le sol, étayées de perches de châtaignier. Une dame se rappelle comment, alors qu’elle était jeune, sa mission était d’apporter le courrier aux résistants. Elle recevait les lettres chez elle à son nom, et elle devait les emmener dans le maquis à vélo.

Une autre dame évoque sa cabane d’enfant, il s’agissait simplement d’un espace trouvé dans une haie où elle aimait se réfugier. Elle se rappelle avec émotion du bruissement du vent dans les feuilles autour d’elle.

On évoque les abris sous les chênes quand certains gardaient les vaches, les cabanes où les élèves se rassemblaient dans les hameaux pour attendre le bus, les cabanes secrètes pour les amoureux souhaitant s’éloigner de la maison familiale, ...

Puis on parle des fêtes de village, des fêtes patronales, des traditions, les jeux, les déguisements à base de charbon passé sur la figure pour le carnaval, les soupes, les tartes à gros bords, ...

Je recueille quelques débuts de témoignages plus intimes. je propose aux personnes de revenir collecter leurs témoignages dans quelques mois. Ils nourriront nos « cabanes sonores ».

Suite à notre première rencontre, décider quelle forme prendra la cabane.

11 mai 2022 |

la cabane

À l’image de la châtaigne protégée par sa bogue, le Périgord Limousin semble effectivement être « un territoire qui se mérite », mais qui se mérite positivement, sans être fermé sur lui-même. On évoque d’ailleurs les qualités d’accueil, la douceur de vie, le bien manger, son aspect rassurant, l’humanité de ses habitants, une « terre des possibles », cultivant une certaine spiritualité, dégageant une sorte de magie, quelque chose de sacré qu’il faut prendre le temps de découvrir.

extrait de mes notes lors de notre première rencontre

Pour cette seconde rencontre, nous nous retrouvons de nouveau à la ferme Âne et Carotte, chez Pascale et Lucien, avec le groupe de personnes avec qui nous avions déjà échangé. Nous savons que nous avons deux soirées pour définir les contours de notre cabane. Nous repartons des notes que j’avais envoyées à chacun. Nous savons que nous pouvons réfléchir autour de quatre éléments qui définiront cette cabane : sa forme, les matériaux qui la composeront, le lieu où elle sera installée, et son processus de construction. C’est parti !

Nous nous attardons sur l’aspect enclavé et protégé du territoire Périgord-Limousin, pas enfermé sur lui-même, de la volonté d’accueillir, mais de justement accueillir dans un territoire préservé, bien accueillir.

Nous évoquons à nouveau cette expression emblématique du territoire, qui invite à entrer dans une maison : « chabatz d’entrar » / « finissez d’entrer ».

Nous évoquons les conflits mondiaux et le climat qui provoquent et provoqueront de nouvelles vagues migratoires. Comment retrouver un « chez soi » quand on a été déraciné ?

Nous évoquons également l’idée qu’ici, tout est encore possible, qu’il y a de la place pour essayer des choses, pour faire différemment.

Et puis il y a la taille du territoire. Comment réaliser une cabane qui concernera les habitants des 80 communes qui composent le parc naturel régional ? Nous réglons rapidement la question du lieu : il faut que cette cabane soit itinérante.

Alors la première idée qui est formulée est de construire une table, symbole d’accueil ; ou une arche, ou une porte géante, une fusée, une cabane à oiseaux, une maison sans mur ni cloison ...

Nous explorons chaque idée, nous les regardons sous plusieurs angles. Très vite la question des matériaux est également tranchée : il faut que la cabane soit en bois, et plutôt en châtaignier qui est un arbre emblématique du territoire, que travaillaient les Feuillardiers, et avec lequel eux-mêmes construisaient leurs cabanes.

Lors de la seconde soirée, nous nous attardons sur l’idée de la table. Cette image nous plait bien. Mais une table ce n’est pas une cabane diront les uns ! Tu n’as jamais fait une cabane sous une table quand tu étais môme, répondront les autres.

Alors bien sûr nous imaginons une table géante, une table sous laquelle chacun pourra imaginer une cabane, en tendant des tissus, en ajoutant des coussins, en l’utilisant comme abri, ou comme plateforme pour observer les étoiles ...

Il faut une chaise autour de cette table, une chaise qui invite le visiteur à s’assoir, et qui constitue un palier pour pouvoir grimper sur la table.

Ce qui serait top, c’est que la table puisse s’installer autour d’un châtaignier, on serait alors tout proche de la cabane dans les arbres, et l’image serait étonnante. Mais il ne faut pas que ce soit une contrainte. On ne trouvera pas un châtaignier adapté à l’installation de la table dans chaque commune où nous l’installerons. Il faut donc que la table puisse être sécable en deux parties, avec un trou amovible en son centre, afin de pouvoir ou non l’installer autour d’un tronc. Ok.

Il faut que la table soit rectangulaire, qu’elle invite à se rassembler à plusieurs. On prend les mesures de la table que nous avons sous les coudes, nous réalisons un croquis à l’échelle, on trace le dessin du plateau au sol. C’est beaucoup trop grand, on diminue l’échelle. Nous tombons d’accord.

Il faut lui trouver un nom. Facile : « La table » ! Mais non, ce n’est pas une table, c’est une cabane. Il faut donc trouver un nom qui raconte ça. Une référence peut-être à l’oeuvre de Magritte : « ceci n’est pas une table ». On se donne du temps pour réfléchir. Nous nous revoyons bientôt pour la construire tous ensemble.