Nos cabanes
 

Dins Lou Pelou

12 mai 2022 |

la cabane cabane sonore

    Un après-midi en compagnie d’une vingtaine de résidents de l’Ehpad « Dins Lou Pelou » à Cussac.

Nous arrivons après l’heure de la sieste à l’Ehpad « Dins Lou Pelou ». Une vingtaine de résidents s’installent dans la grande pièce de l’établissement. Je suis accompagné de Stephanie Pouplier qui est la référente du projet pour le Parc Naturel Régional, et de Jean-François Vignaud, qui en sait beaucoup sur la langue et les gens de son pays. Parce qu’en Périgord-Limousin on cultive le parlé occitan, et on me chuchote à l’oreille qu’autour de nous cette après-midi là, nombreux sont celles et ceux qui préféreront évoquer leurs souvenirs et leurs expériences en occitan plutôt qu’en français.

Ma première question est donc : « ça veut dire quoi »Dins Lou Pelou ? « , qui est le nom de cet établissement. On me répond comme si c’était une évidence que cela signifie »dans la bogue de châtaigne". La fameuse !

Lors de cette rencontre, j’en apprends beaucoup sur les cabanes des feuillardiers. Plusieurs résidents avaient un parent qui était lui-même feuillardier. Quelques souvenirs et anecdotes surgissent.

Les feuillardiers travaillaient en hiver les jeunes perches de châtaignier dans les forêts. Ils confectionnaient principalement des cerces qui servaient à la fabrication des tonneaux du Bordelais et du Cognaçais, mais aussi des piquets, des échalas ... Pour travailler à l’abri, ils se construisaient une cabane en forme de tunnel, obturée d’un côté, dont l’armature en treillis était faite en branches de châtaignier. Chaque soir, les copeaux issus du travail réalisé dans la journée, étaient placés sur le toit de la cabane pour assurer la protection de ses occupants.

Une dame se souvient du feu entretenu dans la cabane, qui servait au travail du châtaignier et à faire chauffer le ragoût du midi. Elle se souvient avec sourire de la fumée qui envahissait l’endroit.

On évoque aussi les abris des maquisards, le territoire ayant été un lieu de résistance. Il s’agissait de cabanes creusées dans le sol, étayées de perches de châtaignier. Une dame se rappelle comment, alors qu’elle était jeune, sa mission était d’apporter le courrier aux résistants. Elle recevait les lettres chez elle à son nom, et elle devait les emmener dans le maquis à vélo.

Une autre dame évoque sa cabane d’enfant, il s’agissait simplement d’un espace trouvé dans une haie où elle aimait se réfugier. Elle se rappelle avec émotion du bruissement du vent dans les feuilles autour d’elle.

On évoque les abris sous les chênes quand certains gardaient les vaches, les cabanes où les élèves se rassemblaient dans les hameaux pour attendre le bus, les cabanes secrètes pour les amoureux souhaitant s’éloigner de la maison familiale, ...

Puis on parle des fêtes de village, des fêtes patronales, des traditions, les jeux, les déguisements à base de charbon passé sur la figure pour le carnaval, les soupes, les tartes à gros bords, ...

Je recueille quelques débuts de témoignages plus intimes. je propose aux personnes de revenir collecter leurs témoignages dans quelques mois. Ils nourriront nos « cabanes sonores ».